mercredi 23 avril 2008

Misère de la Philosophie Française


Sans avoir la prétention d’être un critique littéraire, je souhaite écrire quelques mots sur ma dernière lecture. Il s’agit de l’ouvrage intitulé « ce grand cadavre à la renverse » de Bernard-Henri Levy.


Je dois bien avouer que j’étais assez perplexe devant le positionnement anti-Sarko de celui que Renaud, dont la plume se trempe encore parfois dans le vitriol, appelle le philosophe des beaux quartiers. Contrairement à ses éminents collègues Glucksmann et Finkielkraut qui s’étaient empressés d’aller manger dans les mains du futur président « bling-bling », BHL avait publiquement soutenu Ségolène Royal. On l’avait même aperçu à des meetings de la candidate du PS. Dès lors, j’étais curieux de lire le dernier opus de la cible favorite de notre entarteur national. Surtout en sachant que ce livre se voulait une analyse de l’état actuel de la gauche.

Force est de constater que BHL reste fidèle aux convictions qui sont les siennes depuis des années. L’auteur de « la barbarie à visage humain », ouvrage ou l’URSS était brocardée à l’instar d’une frange importante du socialisme français constitué de zélateurs du marxisme (dans l’ouvrage précité, l’ intellectuel de Saint-Germain-des-prés va jusqu’à qualifier le marxisme d’opium du peuple), reste trente ans plus tard, l’un des thuriféraires les plus en verve du libéralisme. Il fustige la petite gauche révolutionnaire en attente du grand soir qui viendra remettre en question l’ordre libéral établi. Sa démonstration est imparable. Il cite les trois seules révolutions qui trouvent grâce à ses yeux : les révolutions américaine, anglaise et française. Toutes trois d’inspiration libérale, elles ont été porteuses de progrès et de bien-être pour les populations. A titre de contre-exemple, il met en exergue la politique menée par les khmers rouges au Cambodge. Pour BHL, il s’agit de la révolution d’inspiration marxiste la plus aboutie, la plus vraie et la plus pure. Le libéralisme est donc notre horizon politique indépassable puisque les tentatives de concrétiser des utopies révolutionnaires radicales ont entraîné la mise en place de régimes sanguinaires et totalitaires comme celui de Pol Pot . Dans « ce grand cadavre à la renverse », il donne même un nom amusant à sa démonstration : Le théorème du Cambodge. CQFD.

Pour le reste cet ouvrage est une suite de digressions simplistes sur le thème d’une certaine gauche qui s’égare ou qui renie ses convictions fondamentales. A force d’être pro-palestinienne, elle devient islamiste. A se prononcer en faveur du non lors du référendum sur la constitution européenne, elle devient nationaliste. A trop dénoncer le droit d’ingérence des puissances occidentales, elle renonce au combat pour défendre les droits de l’homme partout dans le monde.

Au passage, il égratigne différentes personnalités coupables de ne pas partager son américanophilie. Hugo Chavez dont la rhétorique antilibérale rappelle, d’après le très progressiste épiscopat latino-américain dont le philosophe reprend les paroles à son compte, celle des régimes fascistes et nazis . Michael Moore qui dénonce la politique de l’administration Bush devient un chantre de l’isolationnisme. Pierre Bourdieu dont les théories « enferment » les gens dans des « systèmes » est qualifié de mauvais philosophe. Les mauvaises langues diront que BHL s’y connaît en la matière…

L’intérêt principal de ce livre écrit par quelqu’un qui continue à dire que la gauche est sa famille est donc de pouvoir constater à quel point la gauche est une grande famille …..avec des cousins très éloignés.