mercredi 11 juin 2008

Après mai 68 c’est les années de plomb qu’on commémore !

Mon dernier post évoquait les commémorations du quarantième anniversaire de mai 68. Si le souvenir romantique des luttes qui ont atteint leur paroxysme durant ce mythique mois a été régulièrement entretenu auprès de l’opinion publique, force est de constater que d’autres luttes dans les années qui ont suivies ont moins bénéficié des faveurs commémoratives des médias. Ainsi, on ne parle plus beaucoup des « années de plomb » au cours desquelles en France, en Italie ou en RFA, la violence de l’Etat répondait à la violence de groupuscules comme Action Directe, les Brigades Rouges ou la Fraction Armée Rouge. Ces organisations prétendaient que par dans une logique action-répression-action, la confrontation avec l’Etat « bourgeois » gagnerait en intensité et que le prolétariat, après avoir pris conscience du caractère répressif de l’Etat, prendrait également les armes contre ses oppresseurs.

Ces organisations suscitèrent des émules en Belgique. C’est ainsi que sont nés les Cellules Communistes Combattantes. Ces dernières ont perpétrés divers attentats sur le territoire belge en 1984-1985. Si au final les CCC, ont eu beaucoup moins de sang sur les mains que leurs « camarades » allemands, français ou italiens, leurs activités terroristes n’en ont pas moins justifié la répression du gouvernement Martens-Gol surtout à l’égard des milieux de gauche.


Les années ont passées, les membres des CCC ont purgés leur peine et pourtant il semble que le souvenir de leurs actions puisse encore servir à effrayer le populo ou au moins à faire vendre des journaux. Comment expliquer sinon l’agitation médiatique autour des arrestations de 5 personnes soupçonnées de liens avec une organisation considérée comme terroriste en Italie qui ressemble de plus en plus à un revival de l’atmosphère de la Belgique de la moitié des années 80.

Sans avoir suffisamment d’éléments pour me prononcer sur le fond du dossier, qui de prime abord n’a tout de même pas l’air bien conséquent, je suis scandalisé par la manière dont on a jeté en pâture à l’opinion publique les noms des inculpés dans un pays ou la présomption d’innocence constitue une des règles élémentaires du droit pénal. Surtout dans le cas de la journaliste de la télévision publique qui même si l’affaire est classée sans suite devra vivre avec une étiquette dont le moins qu’on puisse c’est qu’elle ne servira pas à booster sa carrière sur cette chaîne ou dans d’autres organes de presse.
J’ai tout de même l’impression que ces arrestations sont à remettre dans le contexte de paranoïa post 11 septembre qui a justifié l’adoption par beaucoup d’états d’un arsenal répressif démesuré. A l’heure où le Ministre de la Défense est en train de jurer allégeance à l’Empire, il est sans doute bon de rappeler que la Belgique est un bon élève en matière de lutte contre le terrorisme. Tant pis si pour cela il faut briser des carrières ou broyer des vies !

mercredi 4 juin 2008

La racaille c’est lui !


A l’heure où les médias dominants font l’éloge le plus souvent convenue des « événements » de mai 68 dont ils renvoient généralement une image plutôt aseptisée, il est assez plaisant de voir certaines initiatives en matière de commémoration des quarante ans de mai 68 sortir des sentiers battus. Ainsi, le dernier album de Dominique Grange « 1968-2008…N’effacez pas nos traces ! » sort clairement du lot dans le fatras des souvenirs de mai 68 forts présents dans nos étalages en ce moment, effet de mode oblige. Avec toute la conviction et le talent qui la caractérise, Dominique Grange nous livre sa vision personnelle de l’héritage de mai 68 qu’elle entend contribuer à préserver avec ce disque. Car cet album, illustré de manière magistrale par Tardi (Le cri du peuple,…), se veut une réponse à ceux qui, à l’instar de l’actuel président de la République Française, veulent « tourner la page de mai 68 ». Outre les « événements » précités, l’artiste (très) engagée évoque aussi à travers les chansons de l’album « 1968-2008…N’effacez pas nos traces ! » la Commune de Paris, la dictature de Pinochet et la lutte pour le droit d’asile. A ne surtout pas rater !