dimanche 8 mars 2009

Les résultats du scrutin régional au Pays Basque : une opportunité pour sortir du conflit ?


Les élections régionales ont eu lieu au Pays Basque le 1er mars dernier. Les enseignements qu’il est possible d’en tirer sont multiples. Tout d’abord, la coalition sortante PNV-EA-EB a perdu sa majorité au parlement de Vitoria. Plus précisément, c’est les deux petits partis (EA, nationaliste, et EB, gauche autonomiste) de la majorité en place qui ont été sanctionnés par l’électeur. Le PNV, nationaliste centre-droit, reste néanmoins la première formation du Pays Basque. Avec un gain de six sièges, le PSOE enregistre quant à lui la progression la plus nette dans le cadre de ce scrutin. Le PP, concurrencé sur son terrain naturel de l’anti-nationalisme basque par le nouveau parti UPyD qui disposera désormais d’un élu, perd deux sièges par rapport aux élections de 2005. Il convient de relever le très bon score de la formation nationaliste de gauche « Aralar » qui disposera dorénavant de quatre parlementaires. Enfin, l’appel au boycott du bras politique de l’ETA semble avoir été au moins partiellement suivi puisque près de 10% de votes nuls ont été comptabilisés.
Pour ce qui est de la composition du futur exécutif du Pays Basque, trois options semblent théoriquement possibles. La première est la suivante : la majorité sortante constitue un gouvernement autonome minoritaire. Cette combinaison, si elle n’est pas d’office à exclure, est fort peu probable en raison du fort désaveu de EA et EB qui, avec respectivement deux et un siège, ne pèsent plus grand chose sur l’échiquier politique basque.
La seconde alternative qui recueille l’assentiment d’une partie conséquente de l’opinion publique réside en la mise en place d’un gouvernement de coalition constitué du PSOE, du PP et d’UPyD. Ce serait une première depuis la restauration du multipartisme, qu’aucune formation nationaliste ne fasse partie de l’exécutif autonome du Pays Basque. Le ciment de cette majorité tripartite inédite serait une volonté commune de préserver la constitution espagnole (approuvée par référendum dans toute l’Espagne à l’exception du Pays basque en 1978) et surtout une réticence assumée et partagée à octroyer davantage d’autonomie au Pays Basque que celle prévue dans le texte constitutionnel actuellement en vigueur. Cette option me semble peu opportune pour au moins deux raisons. Premièrement, un gouvernement au sein duquel cohabiteraient le PSOE et le PP aurait beaucoup de difficulté à impulser une politique cohérente et le risque d’une législature de blocage permanent est bien réel. Deuxièmement, l’avènement d’un gouvernement basque excluant les nationalistes entraînerait plus que probablement une recrudescence de la lutte armée de l’ETA qui ne manquera pas de provoquer une répression accrue des autorités avec pour résultat une escalade du conflit qui depuis quarante ans a déjà causé plusieurs centaines de victimes dans la région mais aussi dans l’ensemble de l’Espagne.
La troisième et dernière possibilité d’alliance consiste en la mise en place d’un Gouvernement bipartite PNV-PSOE. Cette option est, à mon sens, la plus porteuse. Au niveau de la cohérence idéologique, même si le PNV est un parti démocrate chrétien, il est moins éloigné du PSOE au niveau des idées que le PP. L’ultra-libéralisme débridé de ce dernier est assez éloigné de la vision de société du PNV qui puise ses références idéologiques dans une certaine doctrine sociale de l’Eglise catholique type « rerum novarum » avec un attachement à des formes de solidarité et de redistribution. De plus, une majorité PNV-PSOE ouvrirait peut être les portes d’une résolution pacifique du conflit. Un partenariat institutionnalisé entre modérés, d’une part du camp nationaliste basque et, d’autre part du camp « constitutionaliste » pourrait constituer une des clés de la fin du conflit. Le dialogue avec Aralar, formation qui partage le projet politique de la mouvance ETA mais qui rejette la lutte armée, en constitue une autre.
Obtenir la paix au Pays Basque ne se fera que par la voie politique !

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